lundi 5 janvier 2009

jeudi 1 janvier 2009

road-trip au Nouveau-Mexique et dans le Colorado

J'ai concocté un petit séjour sur les traces des Anasazis, pour compléter mon voyage en Arizona (effectué en septembre). Le point de départ était Albuquerque. Nous avons loué la voiture la plus petite possible, une dodge caliber. Il faisait assez froid et pour le premier jour, il a même neigé. Il fallait rouler toute la journée pour atteindre le Colorado et Mesa Verde. On a donc décidé de visiter “El Malpais”, histoire de faire une pause. Non, ce n'est pas un lieu maudit, mais ce jour-là, le paysage était couvert de neige. Or, ce qui fait de cet endroit un lieu intéressant, c'est le sol. Noir. Parce que c'est de la lave. Donc on n'a pas vu grand chose, mais on a roulé sur la neige, ce qui était aussi un peu un test pour ce que la voiture allait endurer les jours suivants. Nous avons dormi à Cortez, petite ville où agriculture et tourisme semblent être les principales sources de revenu.
Le lendemain, Mesa Verde. On a failli rester bloqués à l'entrée du parc. Il fallait impérativement avoir quatre roues motrices ou des chaînes ou des pneus neige. Aucune idée de ce qu'on avait. J'ai été honnête et ai prévenu le ranger. Qui ne savait pas trop quoi répondre, mais il nous a laissés passer. Il faut avouer que la route était enneigée et verglacée, sur 20 miles. Roulant 20 miles à l'heure... on est arrivés juste à temps pour la visite guidée. Il y a beaucoup de choses à voir mais en hiver, la plupart des sites sont fermés. Nous avons pu visiter la “Spruce tree house”. J'avais déjà vu ces cliff dwellings, ces habitations protégées au creux de la falaise (mais non troglodytiques), mais jamais d'aussi près. On a même pu entrer dans une kiva. Je vous laisse relire le chapitre 6. Ce que j'ai appris de nouveau : on faisait du feu dans les kivas de façon intelligente. Il y avait donc un conduit d'aération pour faire un appel d'air et entretenir le feu sans s'intoxiquer. Devant l'entrée d'air dans la kiva, il y avait un petit muret pour protéger le feu. Pas mal, non ? Le ranger était très drôle, et on n'était pas très nombreux : il faisait -20ºC. Le musée qui allait avec était très intéressant, même Ben l'a trouvé passionnant. Un objet vraiment rigolo, le double mug :
On a aussi visité un centre culturel indien à Cortez, avec un côté plus pratique cette fois : on pouvait tisser, par exemple. Il faut aussi parler des différences entre pithouses et kivas. Les pithouses sont les premières habitations des Anasazis, on faisait un trou dans la terre et on construisait une sorte d'igloo en torchis. L'habitat était donc à moitié sous la terre. On pense qu'il y avait une pithouse par famille. On y faisait le feu avec le même système que pour les kivas. Puis, l'habitat traditionnel a évolué hors du sol, mais les kivas sont restées, elles, souterraines. Autre chose qui différencie kiva et pithouse, c'est un trou dans le sol de la kiva. Ce trou représente l'ancien monde qui est monté à la surface pour créer le monde actuel, le quatrième. Mesa Verde était totalement abandonné vers 1300. Vraisemblablement pour plusieurs raisons. Deux sont certaines : surpopulation et sécheresse. Ensuite, ce ne sont que conjectures : épidémie, malédiction, disputes... Car seule une partie de la population aurait pu migrer et partir de Mesa Verde. Mais non, tous les habitants sont partis !
Le lendemain, nous sommes allés vers Santa Fe, et retournés au Nouveau-Mexique. On voulait aller au Chaco National and Historical Park, mais on ne savait pas si c'était possible, vu les conditions d'enneigement. On est arrivés vers midi, et ça a été la lutte pour trouver un endroit où acheter de quoi manger. Ensuite on est allés vers Chaco. Mêmes conditions que pour Mesa Verde, tout aussi long. Chaco se situe aujourd'hui sur le territoire navajo, donc sur le chemin, il y avait des routes qui partaient de tous les côtés vers des maisons et hogans (voir chapitre 4). Ce qui différencie Chaco des autres sites, c'est la finesse de son architecture. Le travail effectué est digne des constructions européennes de l'époque. Et surtout, les villages ont été planifiés avant leur construction. À Mesa Verde, les habitations s'agglutinent les unes aux autres de façon désordonnée. Chaco se compose de plusieurs villages, à portée de vue les uns des autres. On voit des pétroglyphes sur les falaises, situées derrière les habitations. À Pueblo Bonito, il y avait deux places (vraisemblablement utilisées lorsque les marchands venaient vendre leurs produits : coquillages, turquoises et autres pierres, etc.). Les pierres des maisons étaient finement taillées. Les maisons nécessitaient donc moins de torchis et étaient plus solides. Les spécialistes appellent les habitants des Chacoans, et non plus des Anasazis, tellement leur civilisation semble plus évoluée. Ils avaient, par exemple, développé des connections ou routes avec plus de 150 autres villages et maisons.
La route était encore longue jusqu'à Santa Fe, nous sommes donc remontés dans notre carrosse.
Après notre nuit à Santa Fe, nous sommes allés au dernier site indien, Bandelier National Monument. Là encore, des choses nouvelles à apprendre. Si les constructions sont plus grossières qu'à Chaco, les Anasazis ont ici rivalisé d'ingéniosité. Ils ont en effet utilisé la falaise de plusieurs façons. Soit pour élever d'un étage les habitations : ils enfonçaient (je ne sais pas comment) du bois dans la falaise, ce qui servait de support à un nouvel étage et au toit. Et au-dessus des toits, à niveau d'homme (pour la plupart), on peut admirer les pétroglyphes : soleils, signes de migration, canards, grenouilles et autres mystérieux symboles.
Par contre, contrairement à Mesa Verde, ici, je pense qu'on peut parler d'habitations troglodytiques. On pouvait avec des échelles entrer dans des sortes de petites cavernes où il devait faire bon vivre et admirer le paysage. Nous n'avons pas pu faire tout ce qu'il y avait à voir : c'est l'hiver, et certains endroits sont fermés au public.
Nous sommes ensuite allés voir les descendants des Anasazis, les habitants des pueblos actuels. Nous n'en avons fait qu'un (sinon, ça fait un peu zoo humain) : San Ildefonso. Il fallait payer pour se balader dans le village (pas partout d'ailleurs) et pour pouvoir prendre des photos. Nous n'en avons donc pas prises. Ce qui rend ce pueblo intéressant, c'est sa spécificité artistique : ils ont une méthode particulière pour créer des poteries. Très belles... mais hors de prix. Sans oublier de dire que les routes ne sont pas pavées et qu'ils ont une kiva au milieu du village (qui ne semblait pas souterraine mais on n'avait pas le droit d'aprocher alors je sais pas vraiment...). Pas très loin de la kiva moderne, il y a une église, vestige (très bien conservé) de l'ère espagnole. Quelque chose d'intrigant aussi : des petits sacs de papier kraft déposés tout autour de l'église, sur le muret. Et ailleurs aussi, dans Santa Fe. Il y a même une version commerciale en plastique. Mais c'est quoi ? Et bien ça s'appelle des fajolitos. On en trouve au Mexique et au Nouveau-Mexique. Ce sont des petits sacs avec une petite bougie à l'intérieur à la période de Noël. On les allume un peu partout sur le rebord des toits et des fenêtres, dans les arbres. Le soir, nous sommes allés au café Coyote, conseillé par Albert : miam miam. On a aussi visité la vieille ville de Santa Fe, berceau de la révolution de 1680 (voir chapitre 5). On a aussi dégusté un posole et acheté tout ce qu'il fallait pour en refaire à la maison. Des vendeurs-artisans du coin vendent leurs produits devant la maison du gouverneur. J'ai acheté une toute pitite bague. Signé par l'artiste d'un T et du symbole de son clan : l'eau.
Sur le chemin du retour, nous avons pris le turquoise trail, mais il n'y a en fait que des magasins. Et aussi un musée où on voulait aller, mais qui était fermé. Du coup, on est arrivés plus tôt que prévu à Albuquerque.
On a décidé d'aller visiter le musée des serpents à sonnettes. Ils sont tous venimeux et les jeunes sont plus dangereux que les adultes.
Le lendemain matin, avant de reprendre l'avion, on s'est baladés dans la vieille ville : beaucoup de magasins et de beaux bâtiments avec des piments qui pendouillent.
Une dernière chose, Les Nouveaux-Mexicains sont super galants !
Et pour les mordus des photos, allez-voir mon picasa...
Et bonne année :-)