mercredi 31 décembre 2008

Fumer tue...

Il faisait effroyablement froid ; il neigeait depuis le matin ; il faisait déjà sombre ; le soir approchait, le soir du dernier jour de l'année. Au milieu des rafales, par ce froid glacial, un homme marchait dans la rue : il n'avait rien sur la tête, il était pieds nus. Lorsqu'il était sorti de son squat le matin, il avait eu de vieilles pantoufles beaucoup trop petites pour lui. Aussi les perdit-il lorsqu'il eut à se sauver devant une file de voitures ; les voitures passées, il chercha après ses chaussures ; un méchant gamin s'enfuyait emportant en riant l'une des pantoufles ; l'autre avait été entièrement écrasée.
Voilà le malheureux n'ayant plus rien pour abriter ses pauvres petons. Dans son vieux manteau râpé, il portait des cigarettes : il en tenait à la main un paquet. Mais, ce jour, la veille du nouvel an, personne ne s'arrêtait pour considérer son air suppliant, qui faisait pitié. La journée finissait, et il n'avait pas encore vendu un seul paquet de cigarettes. Tremblant de froid et de faim, il se traînait de rue en rue. Des flocons de neige couvraient sa chevelure blonde. De toutes les fenêtres brillaient des lumières : de presque toutes les maisons sortait une délicieuse odeur, celle de l'oie, qu'on rôtissait pour le festin du soir : c'était la Saint-Sylvestre. Cela, oui, cela lui faisait arrêter ses pas errants.
Enfin, après avoir une dernière fois offert en vain son paquet de cigarettes, il aperçoit une encoignure entre deux maisons, dont l'une dépassait un peu l'autre. Harassé, il s'y assied et s'y blottit, tirant à lui ses pieds gelés : mais il grelotte et frissonne encore plus qu'avant et cependant il n'ose retourner à son squat. Il ne rapporterait pas la plus petite monnaie, et son revendeur le frapperait. Il avait ses mains toutes transies. « Si je prenais une cigarette, se dit-il, une seule pour me réchauffer l'âme ? » C'est ce qu'il fit. Quelle chaleur merveilleuse c'était ! Il sembla tout à coup à l'homme qu'il se trouvait devant un gros poêle en fonte, décoré d'ornements en cuivre. Il allait étendre ses pieds pour les réchauffer, lorsque la cigarette s'éteignit brusquement : le poêle disparut et il restait là, tenant en main un simple filtre. Il alluma une seconde cigarette : une lueur se projetait sur la muraille qui devint transparente. Derrière, la table était mise : elle était couverte d'une belle nappe blanche, sur laquelle brillait une superbe vaisselle de porcelaine. Au milieu, s'étalait une merveilleuse oie rôtie, entourée de compote de pommes : et voilà que la bête se met en mouvement et, avec un couteau et une fourchette fixés dans sa poitrine, vient se présenter devant le pauvre homme. Et puis plus rien, la cigarette s'éteint.
L'homme prend une troisième cigarette, et il se croit transporté près d'un arbre de Noël, splendide. Sur ses branches vertes, brillent mille bougies de couleur : de tous côtés, pendait une foule de merveilles. Il étendit la main pour saisir la moins belle : la cigarette s'éteint. L'arbre semble monter vers le ciel et ses bougies deviennent des étoiles : il y en a une qui se détache et qui redescend vers la terre, laissant une traînée de feu.
« Voilà quelqu'un qui va mourir. » se dit l'homme. Sa vieille grand-mère, le seul être qui l'avait aimé et chéri, et qui était morte il n'y avait pas longtemps, lui avait dit que lorsqu'on voit une étoile qui file, d'un autre côté, une âme monte au paradis. Il alluma encore une cigarette : une grande clarté se répandit et, devant l'homme, se tenait la vieille grand-mère.
- Grand-mère, s'écriait-il, grand-mère, emmène-moi. Oh ! Tu vas me quitter quand la cigarette sera éteinte : tu t'évanouiras comme le poêle si chaud, le superbe rôti d'oie, le spendide arbre de Noël. Reste, je te prie, ou emporte-moi.
Et l'homme alluma une nouvelle cigarette, et puis une autre, et enfin tout le paquet, pour y voir la bonne grand-mère le plus longtemps possible. La grand-mère le prit dans ses bras et elle le serra si fort qu'il se transporta là où il n'y avait plus ni de froid ni de faim, ni de chagrin : c'était devant le trône de Dieu.
Le lendemain matin, cependant, les passants trouvèrent dans l'encoignure le corps de l'homme ; ses joues étaient rouges, il semblait sourire ; il était mort de froid, pendant la nuit qui avait apporté à tant d'autres des joies et des plaisirs. Il tenait dans sa main, toute raidie, son dernier filtre.
- Quelle sottise ! dit un sans-cœur. Comment a-t-il pu croire qu'il pouvait passer la nuit ainsi ? D'autres versèrent des larmes ; c'est qu'ils ne savaient pas toutes les belles choses qu'il avait vues pendant la nuit du nouvel an, c'est qu'ils ignoraient que, s'il avait bien souffert, il goûtait maintenant dans les bras de sa grand-mère la plus douce félicité.

Connaissez-vous vos classiques ?

dimanche 21 décembre 2008

Vol vers Point Reyes et Chaton

J'ai profité hier encore d'un vol vers Point Reyes, là où on devait voir des baleines il ya quelques mois. C'était en fin d'après-midi et on a presque vu le coucher du soleil. J'ai même pu piloter un peu cette fois, et ces petites bêtes sont très sensibles. Pour les photos, vous avez le lien pas loin ou celles-ci, en vrac :


Et sinon, je suis désolée mon petit papa, mais quand tu vas venir, tu devras cohabiter avec lui :




lundi 15 décembre 2008

Mais que se passe-t-il en France, et en Europe ?

Je lis la presse française quotidiennement et je suis effarée de voir à quel point Sarkozy est en train de transformer la France sur le modèle américain, qui s'est écroulé ! Dans quel mur fonçons-nous ? Un jour, c'est la sécurité privée qui remplace de plus en plus la police. Un autre, c'est la question du travail dominical...

mercredi 3 décembre 2008

J'ai eu mon permis !!!!

Et oui, tout arrive. J'ai passé mon test de conduite hier et après avoir attendu plus d'une heure que ce soit mon tour, j'ai eu le droit de passer mon test. Avec un automate qui avait la voix d'un gps : Turn left, turn right, pull over here, drive backwards. Il ne m'a pas fait le coup du "recalculating", cependant...

samedi 29 novembre 2008

Thanksgiving et black friday

J'ai fêté mon premier Thanksgiving. Je vous raconte le côté traditionnel cette fois, et le côté historique bientôt.
Nous avions invité quelques personnes autour d'une dinde. J'ai acheté la plus petite possible, qui faisait environ 5 kg. Mais j'ai vu des monstres au supermarché..


À cette occasion, nous avons découvert que les ratons laveurs montaient dans les arbres. Tout en haut. On a surpris une famille, juste devant chez nous. Avec le dernier qui hésitait à descendre, vu que trois humains l'observaient, fortement intéressés et amusés. Il soufflait un peu, mais pas beaucoup.





Il était pas très rassuré, mais il est descendu rejoindre ses compagnons qui s'étaient éloignés dans notre jardin.




Je ne le savais pas, mais le jour qui suit Thanksgiving s'appelle le black friday. C'est une journée de soldes. Nous sommes allés sur San Francisco et c'était vraiment dingue. La société de consommation à son paroxysme !

dimanche 23 novembre 2008

Un petit tour en avion






Le hasard fait parfois bien les choses. Nous avons eu l'opportunité de survoler la baie dans un avion privé. Aucune comparaison possible avec les vols commerciaux. On ne sent même pas le décollage. C'était vraiment magnifique, d'autant plus que nous avons eu beaucoup de chance avec le temps. Voir la baie du ciel, ça change les perspectives. Je ne sors que des poncifs, mais c'est parce que je suis encore sans voix ! Les photos parlent d'elles-mêmes. Il y en a d'autres, ici.

lundi 17 novembre 2008

Off road trip

Je suis allée faire du 4*4 dans Cow mountain (à ne pas confondre avec le plateau des vaches), au nord de la Californie. Hors des sentiers battus, comme on dit. C'était plutôt masculin comme activité, mais je voulais essayer une fois pour voir ce que ça donnait. J'y suis allée avec Korbinian, un ami allemand, qui va bientôt quitter Berkeley, et un autre Allemand. On a rejoint leur propriétaire, chez qui on a aussi dormi. J'ai aussi pour la première fois de ma vie (et sûrement la dernière) tiré avec un fusil. C'est très bruyant, et après mon tir, mon oreille a immédiatement sifflé. Mais c'est vite passé.
Le but du voyage était donc de rouler sur des chemins de terre, avec des cailloux et aussi des pentes très raides. Mais maintenant, je sais ce qu'une voiture peut faire. J'ai fait des photos en continu qui sont rigolotes à regarder.
Le soir, nous sommes allés vers l'océan, à Mendocino, une très belle petite ville, protégée. On s'y est baladés avant de repartir. Cette ville a été "sauvée" par les artistes hippies des années 60.
Un week-end très sympa !

Coucher du soleil

Vendredi soir, il y avait pas mal de vent et la vue sur San Francisco était dégagée. Nous en avons profité pour prendre des photos du coucher de soleil sur la baie. En voici quelques unes :






vendredi 7 novembre 2008

permis

Comme en France, il y un test écrit et un test pratique pour obtenir son permis de conduire. Je viens de passer le test écrit et j'ai réussi. J'ai fait 2 fautes sur 36 questions, c'est honorable. On peut en faire jusqu'à 6 sur 36 questions. J'ai rendez-vous début décembre pour la conduite. Et la grosse différence avec la France, évidemment, c'est le prix : $28 !

mercredi 5 novembre 2008

Historique

Et oui, Obama a remporté les élections ! Pour l'occasion, nous sommes allés dans un hôtel sur Union Square pour attendre les résultats avec les démocrates de SF. Une ambiance de folie, comme vous pouvez l'imaginer. Pas trop d'hystériques, mais beaucoup de joie et d'espoir se lisaient sur les visages. Je suis sortie sourde, mais ça valait le coup. J'ai trouvé les deux discours très bien : l'un bon perdant, l'autre sachant qu'il entre dans l'histoire d'une façon plus particulière que tous les présidents précédents. Sa tâche sera difficile.
Ce que les gens craignent, désormais, c'est qu'il soit assassiné.
Par contre, les Californiens devaient aussi voter pour une multitude d'autres choses, et parmi elles, la proposition 8. Les Californiens ont voté pour, c'est-à-dire qu'ils ne veulent pas de mariage homosexuel. Beaucoup sont donc déçus.
Je suis allée dans un bureau de vote avec une amie américaine, et ce qui m'a le plus frappé, c'est qu'il faut juste donner son adresse et son nom de famille pour voter. Pas besoin de pièce d'identité ! Et ils n'ont pas de carte électorale. Après avoir voté, chacun reçoit un petit autocollant, genre "a voté". Ben & Jerry's proposait des glaces gratuites à l'extérieur pour ceux qui avaient leur petite étiquette (et aussi pour les autres...).

dimanche 2 novembre 2008

Halloween, permis de travail et dernier week-end avant les élections

Cette fin de semaine a été riche en événements. J'ai reçu mon autorisation de travail, donc je vais pouvoir chercher du boulot.
Halloween aux États-Unis, c'est vraiment un événement. Des magasins, habituellement peu visités, sont pris d'assaut parce qu'ils vendent des costumes et accessoires. Il faut faire la queue dehors pour y entrer. Leurs déguisements coûtent cher et sont de mauvaise qualité (made in China). J'ai longtemps cherché une idée, pour finalement me rabattre sur le déguisement de Robin des Bois (j'ai juste acheté le chapeau). Ben était en mafieux. Nous sommes allés nous balader sur Castro, où on pouvait admirer les costumes les plus fantasques. Il y a 2 ans, les rues de ce quartier étaient interdites aux voitures. La légende veut que tout le monde était dans la rue et que c'était magnifique. Malheureusement, des trouble-fête sont venus. C'est un euphémisme : il y a eu des gens poignardés, des coups de feu et des bagarres. Je ne sais pas s'il y a eu des morts... Donc, finie la fête depuis cette année-là. Il y avait quand même beaucoup de monde sur les trottoirs et pour la dissuasion, des policiers tous les 5 mètres (et je n'exagère pas beaucoup).
Mardi, c'est le grand jour. On sent vraiment la tension monter. Tous ceux qui nous entourent voteront Obama et espèrent qu'il sera le prochain président. On parle déjà de fraudes... Les gens sont partagés entre la peur et l'espoir. On verra bien !

lundi 27 octobre 2008

La Coit Tower







Il me manquait plus que ça à faire comme visite touristique sur SF. La Coit Tower, construite en 1933, mesure 64 m de haut. Elle a été construite en l'honneur des pompiers de la ville, selon les désirs de la fortunée Lillie Hitchcock Coit (rien à voir avec ce que vous pensez !). On monte en haut de la tour par un ascenceur et de là-haut, on a vue sur les quartiers d'affaires, le Bay bridge, la marina, Alcatraz et normalement sur le Golden gate bridge, mais hier, il y avait du brouillard juste sur lui. Pour atteindre la Coit Tower, il faut quand même un peu grimper...

En vrac

On m'a volé ma selle de vélo la semaine dernière... Bouh, c'est dur d'être en danseuse tout le chemin du retour à la maison. Il était à la station de Bart. Ben s'y est fait volé un vélo. Je crois que c'est clair : il faut plus rien laisser là-bas ! Mais comme Ben est en train de créer un Frankenstein (vélo à mi-chemin entre le VTT et le vélo de course), il avait une selle en rab. Merci Ben :-)
Nous sommes allés voir deux pièces de théâtre en une semaine. La première était écrite par un ancien lycéen de Berkeley, devenu écrivain. Il a pas la trentaine. La pièce se déroulait donc à "Berkeley High" : des histoires de lycéen. Je suppose qu'il faut habiter Berkeley depuis son enfance pour bien comprendre la pièce... C'était pas trop mal, mais trop long. Quant à la seconde pièce, mon collègue du musée y tenait le premier rôle. Il est étudiant en anglais et jouait dans une pièce de Günther Grass. C'était très professionnel, mais vraiment trop long !
Je prends des cours de voile à la marina de Berkeley. J'ai fait à peu près toutes les étapes. Maintenant, il y a plus qu'à s'entraîner : je peux tourner dans tous les sens d'où que vienne le vent. Je connais la manip' de l'homme à la mer et je sais remettre la coque du bateau dans l'eau quand il a chaviré. Mais c'est pas marrant d'avoir un gilet de sauvetage trop grand quand ça arrive : parce que le gilet flotte et que j'avais quasiment la tête dedans !




Ben parle aux écureuils. Il fait des petits bruits et notre copain l'écureuil, qui habite sous le toit des voisins, rapplique et nous regarde.

Pumpkin & art festival


L'avant-dernier week-end, nous sommes allés au festival de la citrouille à Half Moon Bay, au sud de SF. Beaucoup de monde et beaucoup d'artisans. C'était sympa. Surtout le concours du plus grand mangeur de tarte à la citrouille, une tarte sucrée. Ouverts aux enfants et aux adultes. La règle du jeu est simple : manger autant que possible, sans les mains. Les lunettes de piscine sont autorisées...
Il y a deux gagnants à chaque fois : le plus dégoutant et le plus grand mangeur...

Le gagnant adulte est en bleu, près de Titi. C'est sa troisième victoire !

mercredi 22 octobre 2008

Les toilettes sans eau

Je ne sais pas si ça existe en France, mais ici, ils ont, pour les endroits reculés, des toilettes sèches.
Entendons-nous bien, je ne parle pas des toilettes avec de la sciure, mais une toute autre sorte de toilettes. Les toilettes à énergie solaire. Oui oui, vous lisez bien. En fait, le soleil alimente une petite éolienne qui ventile les excréments, qui se déshydratent ainsi très rapidement. Les premières que j'ai utilisées étaient ignobles en ce qui concerne l'odeur, mais toutes les autres étaient quasiment inodores...
Désolée d'être scato, mais c'est important aussi !

Montezuma Castle, chapitre 8

Voilà, ce sera le dernier message sur ce road trip inoubliable.

Notre dernière étape était Flagstaff. Pas loin, il y a des ruines et des vestiges des Sinagua, culture préhistorique florissante. C'est drôle de voir que ça ressemble fortement aux habitats des Anasazis. Sûrement des parents éloignés. Ils vivaient dans la même région désertique, avec les mêmes conditions. Il paraît logique que leurs cultures aient abouti aux mêmes conclusions.





Ici, vous pouvez voir le Montezuma Castle...











...et les ruines d'une maison d'un autre village (d'environ 200 habitants). Ce village était organisé autour du petit lac, à température constante, agréable à la nage mais hostile aux poissons.























Et au retour, on a pris un bout de la Route 66, histoire de dire...

Painted Desert et Petrified Forest, chapitre 7



Et oui, même un mois après, je suis toujours en train de raconter mon road trip. Mais ensuite, je vous dirai ce que je deviens, promis.
Après les réserves indiennes, on a continué notre route vers le "désert peint". Mais késako ? Et ben c'est comme un désert, mais coloré. Et pourquoi il est coloré ? Parce qu'il est influencé par ses copains : le manganèse, le fer, et autres éléments chimiques. Ce jour-là, j'ai vu pour la première fois de ma vie une tornade. Pas une grosse, évidemment, mais quand même, ça m'a impressionné. Ensuite, un orage nous poursuivait : on s'arrêtait, l'orage arrivait. On repartait, on s'arrêtait à nouveau et cinq minutes après, l'orage était sur nous.







Le même jour, au même endroit, il y avait des bouts de troncs fossilisés. Ne me demandez comment c'est possible, je sais pas dans les détails. Mais c'est chimique.








mardi 14 octobre 2008

Les Anasazis, chapitre 6

Les Hopi descendraient des Anasazis. Mais qui sont-ils ?
Les Anasazis vivaient dans les actuels états suivants : le Colorado, l'Arizona, l'Utah et le Nouveau-Mexique. On appelle cet espace le "four corners" (4 coins d'états différents). On ne sait pas d'où vient le nom "Anasazi", mais en navajo, cela veut dire "anciens ennemis" (ana = ennemi).
L'histoire des Anasazis commence avec la sédentarisation de chasseurs-cueilleurs. De 100 à 500 ap. J.C., ce peuple commence à construire des maisons en torchis, appelées "pit houses". Au centre des habitations (pour une famille) se trouvait le foyer pour le feu. Avec le temps, les habitations s'agrandissent. Vers 500 - 750, les maisons sont collées les unes aux autres, formant des rues, des places, des petits villages. La culture du coton commence. Les premières kivas apparaissent. Elles n'avaient pas encore l'entrée sur le toit. La civilisation se développe et atteint son apogée vers 1100 - 1300.

Les Anasazis cultivent le maïs, bien sûr, mais aussi les haricots, le tabac et les courges.
Dans les canyons, des "cliff dwellings" sont construits, il s'agit d'habitats dans les falaises. Les Anasazis maîtrisent les techniques de céramique, de vannerie, de tissage et d'irrigation. Les cliff dwellings sont toujours construits à l'abri des éventuelles pluies. On voit sur la photo que les traces sombres, laissées par la pluie, n'atteignaient pas les habitations. Ils avaient aussi un système pour récupérer l'eau de pluie !
Les Anasazis conservaient leurs récoltes d'une année sur l'autre, en cas de mauvaise saison. Leurs paniers servaient à conserver fruits séchés, graines, etc. Ils n'étaient pas végétariens et pratiquaient toujours la chasse (cervidés, lapins, dindes...)
Les Anasazis étaient divisées en clans. Ils étaient organisés selon un système matriarcal : les jeunes mariés devaient s'installer sur le lieu de résidence de la mère de l'épouse ; et matrilinéaire : les enfants étaient affiliés au clan de la mère. Ce sont les femmes qui possèdaient le patrimoine familial, maison et champs. Le mari devait intégrer le clan de sa femme. La femme pouvait divorcer. Le clan représenté par les tortues était celui qui se chargeait de surveiller le soleil. Sur l'un des sites où nous sommes allées, il y avait un calendrier. La pierre était couverte de pétroglyphes et certains marquaient le solstice d'été ou les périodes de semence du maïs ! Juste pour rappel, les Aztèques étaient contemporains des Anasazis. Qui sait. Ils étaient peut-être des cousins éloignés... Vers 1300, on perd la trace des Anasazis. On ne sait pas vraiment pourquoi, mais ce qui est certain, c'est qu'une grande sécheresse (de plus de soixante ans), les a frappés à cette période.
Le plus époustouflant à mes yeux était de voir les pétroglyphes sur les rochers ou les falaises. Seuls les artistes savent ce qu'ils voulaient dire à travers leur travail, mais on peut tout de même tenter d'interpréter ces symboles. La vie quotidienne y est représentée : animaux, céréales, soleil, signes de migration, hommes et femmes. Calendrier aussi, comme je l'ai déjà dit.


On a souvent vu le Kokopelli. Toujours représenté courbé, il joue de la flûte. Il est supposé être l'esprit de la fertilité, mais aussi beaucoup d'autres choses : je vous invite à lire cet article. On a aussi pu voir les mains positives et les mains négatives (pour les gens malades) : les positives étant toutes blanches et les négatives bordées de blanc, et donc noires.


Un symbole en forme de 8 représentait le monde souterrain et le monde terrien.


Nous avons aussi vu le symbole des mondes : nous serions dans le cinquième monde.




Quant aux kivas, en partie souterraines, elles servaient aux rituels. À chaque rituel ou cérémonie, les murs de la kiva étaient peints. On peut donc voir plusieurs couches de peinture dans chaque kiva. Les plus grandes kivas pouvaient accueillir plusieurs centaines de personnes qui pouvaient s'asseoir sur des banquettes en pierre.

Les Anasazis m'ont fascinée, j'espère que cette petite introduction vous poussera à en savoir plus.

lundi 13 octobre 2008

Réserve Hopi, chapitre 5

Don't worry, be hopi...
Le pays hopi est encore bien différent. Toujours pas le droit de boire , mais en plus, pas le droit de prendre de photos !
Les Hopi seraient les descendants des pueblos (ou puebloans), ou Anasazi (j'y reviendrai dans le prochain chapitre).
Les femmes et les enfants sont les plus sacrés, selon la culture hopi. Les femmes hopi en âge de se marier ont une coiffure très particulière. Ça rappelle un peu Princesse Leïa, mais sans les tresses. Edward Curtis a photographié les Hopi au début siècle dernier et on comprend mieux de quoi je parle : des photos. Les Hopi sont connus pour leurs "Kachina dolls", les poupées kachinas. Chaque poupée reprèsente un esprit (on retrouve aussi ces poupées chez les Navajos, mais ils ont certainement été influencés). Lors des danses rituelles, les hommes se déguisent en un esprit. Les poupées fabriquées sont données aux enfants afin qu'ils puissent jouer avec. Ce sont des poupées de bois, aux couleurs assez vives et qui servaient à familiariser les enfants avec les croyances des adultes. La confection des poupées ne se faisait pas avec n'importe quel bois : il fallait utiliser du "cottonwood", c'est une sorte de peuplier. Les enfants reçoivent leur première kachina pour leur anniversaire ; c'est une poupée toute simple, assez plate, avec les bras collés au corps. Mais il y a deux périodes par an pour recevoir cette première poupée : en février ou en juin/juillet (je me souviens plus). Si un enfant est né en février, il aura sa poupée en juin/juillet, et s'il est né en août, il aura sa poupée en février. Février - août est une période importante chez les Hopi. Cette première poupée reprèsente souvent la mère des Hopi : le maïs. Le danseur kachina est le gardien privilégié de la culture hopi. Le 4 est un chiffre très important pour les Indiens et les Hopi : nord, sud, est, ouest ; terre, eau, air, feu... Tout ce qui concerne l'eau est primordial : les nuages, la pluie... Pas étonnant vu l'aridité de leur lieu de vie. Les Hopi séparent le monde en deux : il y a le monde "du haut", celui des vivants ; et le monde "du bas", celui des esprits.

Un peu d'histoire.
Les Hopi vivaient dans l'actuel Arizona. Et, par un beau jour d'été, au XVI siècle, les conquistadores sont arrivés. Agissant comme tous colons : massacres et esclavage. Et conversion au catholicisme, bien sûr. Les Hopi qui se sont convertis au catholicisme ont été tués par les leurs. Les Hopi vivaient dans des villages installés sur des hauteurs faciles à défendre. Sur la place centrale du village où l’on pouvait se réunir se trouvait la « kiva », une chambre souterraine dans laquelle on entrait par une échelle et où étaient célébrées des cérémonies spirituelles. Les Hopi ont bien "résisté" face aux envahisseurs et n'ont pas été assimilés. Même s'ils ont profité de nouvelles connaissances : domestication des chevaux et vie pastorale (introduction des chèvres). Mais à la fin du XVII, la situation s'envenime : les Espagnols veulent éradiquer les croyances hopi. Ils détruisent les kivas. Ne pouvant plus accepter leurs oppresseurs, les Hopi s'organisent et se révoltent. Pope est le meneur de cette révolte, qui a eu lieu le 11 août 1680. Les garnisons espagnoles, les haciendas des colons, les missions sont simultanément attaquées par des guerriers indiens nombreux et bien organisés. Les prêtres sont assassinés dans leurs églises. Les morts espagnols se comptent par centaines. Les conquistadores sont repoussés jusqu'au Mexique. Les Hopi seront "tranquilles" jusqu'en 1698. Ce qui les sauve de la "civilisation blanche", c'est leur vie autarcique, dans des villages isolés. Par peur des représailles, les Hopi s'installent en haut des "mesas". Ils dominent le pays à des kilomètres à la ronde. En Arizona, les Hopi sont sur la première, deuxième et troisième mesa (d'est en ouest). Nous avons visité le centre culturel (le seul endroit où dormir pour les touristes) avec un musée très intéressant et Walpi, un village construit peu après la révolte de 1680. Comme c'était le jour des indiens, le "chef" du village n'était pas là et on n'a pas pu se balader partout dans le village. Mais c'est encore assez isolé et protégé des touristes et j'espère que ça le restera (bien qu'ils comptent aussi sur le tourisme pour vivre). Dans le musée, on a pu lire des lettres écrites par les Indiens, assez tristes en fait puisqu'elles montraient à quel point certains Indiens étaient convaincus de la supériorité des blancs. Je ne sais pas quand ils se sont rendu compte de leur richesse spirituelle... J'ai recopié un passage d'une lettre : "The American is our elder brother and in everything he can teach us" (L'Américain est notre grand frère et il peut tout nous enseigner).
Comme dit, nous avons eu de la chance parce que le jour où nous étions dans la réserve, c'était le jour des Indiens. Et il y avait une danse indienne devant l'école. Tous les enfants portaient les habits traditionnels et dansaient sur les ryhtmes des hommes Hopi (tambours et voix). Il faisait très chaud et nous ne sommes pas restés très longtemps, mais suffisamment pour être marqués.

lundi 6 octobre 2008

Canyon de Chelly, chapitre 4


Avec la mère de Nicole, Danielle (ancienne archéologue-ethnologue) et Nicole, on s'est offert un tour en jeep avec un Navajo dans le Canyon de Chelly. C'était vraiment super d'avoir quelqu'un qui avait grandi dans le Canyon. Aujourd'hui, il n'y a plus que 15 familles qui y vivent.
Il nous a appris qu'avant l'arrivée des chevaux (voir chapitre 3), les Navajos n'utilisaient pas de flèches ou autres objets tranchants pour la chasse. Ils traquaient le gibier dans tous les coins du canyon, le faisait courir et se fatiguer jusqu'à ce qu'ils puissent l'approcher et le museler pour l'étouffer.
Il nous a appris que la porte des hogans se trouvait toujours à l'est, en direction du lever du soleil. Tous les matins, avant que le soleil ne se lève, Benjamin (notre guide) se lève et prie en dispersant du pollen de maïs (long à récupérer) devant sa porte. Il prie pour le bien de sa famille et de ses proches, pour une bonne santé, etc (on prie pour la même chose dans toutes les religions, non ?).
Ils appellent le canyon [seteneje], mais à cause de problème de prononciation chez les blancs, le nom s'est transformé en "Chelly". Ce canyon se trouve près de Chinle, et là, même histoire. En fait, le nom vient de Inle (eau sortie du canyon), mais est devenu "Chinle".
Il nous a appris que quand un Navajo tend la main, ce n'est pas pour la serrer, il la donne pour faire circuler les bonnes ondes chez son interlocuteur, via le bras.
Ben nous a emmenés chez sa tante et chez sa soeur. Sa tante était en train de faire sécher des pommes et des pêches. Les Navajos ne connaissent pas la culture intensive, ils récupèrent les graines et plantent chaque année arbres et maïs. Il faut savoir être patient ! Sa tante nous a fait déguster un "Santa Claus Watermelon", excellent.
Comment dire bonjour en navajo : [na] [ha] [te].
Autre chose à savoir aussi : les navajos sont aujourd'hui réputés pour leurs bijoux et pour leurs tapis, mais tout cela est tout de même assez récent. Ils avaient des bijoux, certes, mais pas en argent et pas avec des turquoises, plutôt avec des graines séchées. Ils sont venus aux tapis quand ils ont compris qu'ils pouvaient les utiliser comme monnaie d'échange. Ici, les moutons (et les chèvres) avaient été récemment tondus pour que la soeur de Ben puisse avoir de la laine et puisse la colorer pour faire ses tapis.

vendredi 3 octobre 2008

La famille Seguin et Bush

Navajo National Monument et Monument Valley, chapitre 3

Après avoir dormi au bord du lac Powell (plein de lapins tout autour de l'hôtel), on est rentrées sur le territoire navajo. Réserve où il est interdit de boire et où les animaux sont libres d'aller ou bon leur chante. Il faut donc être prudent sur la route et dans les virages : on ne sait jamais sur quoi on va tomber, peut-être des chevaux (des mustangs, magnifiques) ou bien des vaches, qui sait ? Je ne vais pas comparer tout de suite les Navajos avec d'autres Indiens, mais j'y viendrais sûrement quand même.
C'est avec le Navajo National Monument que débute l'aventure indienne. On apprend que le yucca servait de base pour fabriquer de nombreux objets, fort utiles : des sandales, des balais, des brosses, des peignes et peut-être même du savon. Un film nous fait apprend aussi que les Navajos sont plutôt des nomades. Ils viennent de Sibérie, sont passés par le détroit de Béring puis ont traversé l'Alaska, le Canada, pour s'installer en Arizona, Utah et Nouveau-Mexique. Je ne sais pas d'où vient le nom "Navajo", puisqu'ils s'appellent eux-mêmes "Dineh", ce qui signifie, "venus de la terre vers l'extérieur", "di" étant la terre et "neh" le mouvement. Les Dineh se sont installés dans le sud-ouest des US au cours du XVI. Ce qui n'est pas si loin. Le territoire était déjà occupé par d'autres natifs américains. Les Dineh se sont adaptés au climat et à la géographie et sont devenus des pasteurs, agriculteurs, éleveurs et chasseurs. Ce n'est par contre qu'au XVIII qu'ils ont adopté les chevaux, les moutons et les chèvres, sous l'influence des colons espagnols et des Mexicains. Leur habitat traditionnel est le hogan, fait à partir de bois et de terre glaise. Ça a la même forme d'un igloo, sauf qu'on peut être au moins dix dedans et tenir debout (même les plus grands que moi...). Il y a un trou au sommet pour laisser s'échapper la fumée. Les Navajos ont différents clans : la filiation est transmise par la mère. Et ils doivent se marier hors de leur clan. Sur le plan économique, aujourd'hui, certains sont toujours agriculteurs, d'autres se sont voués au tourisme : hôtel, restaurant, tours organisés... d'autres encore se sont tournés vers l'artisanat : bijoux en argent, poterie, vannerie, tapis, couvertures.
Voilà notre premier contact avec les Navajos. Je n'oublierai pas non plus leurs spécialités culinaires. La farine de "blue corn", du maïs bleu. Très bon, la même texture que la farine de sarrasin. Pancake au blue corn ou encore fry bread de blue corn, une sorte de pain cuit à la poêle et assez gras. Et un plat traditionnel, le "posole", avec du hominy (c'est du maïs, mais ça y ressemble plus du tout) et du porc... C'est excellent.

Monument Valley, c'est vraiment très impressionnant, j'ai beaucoup aimé. C'est encore différent du Grand Canyon ou du Bryce Canyon. Là, on est au pied des immenses rochers.















jeudi 2 octobre 2008

histoire de Canyons


Pour en savoir plus sur la formation du Grand Canyon : http://www.mineraux-du-monde.com/Grand-canyon.htm